Tacite est, en général, peu prolixe dans la description des espaces physiques où se déroulent
les événements évoqués dans son histoire. Il est donc très significatif d’observer les passages
où une spéciale attention est accordée aux espaces servant de décor à la tragédie de ceux qui
tombent en disgrâce. L’évocation de ces espaces souligne le réalisme et le pathétique de la scène
et conduit le lecteur à une réflexion sur les mécanismes de la tyrannie et, en dernier ressort, sur la
condition humaine. Une analyse centrée sur les six premiers livres des Annales, met en évidence
le fait que les crimes de Tibère semblent se concentrer dans un nombre restreint de lieux (îles,
prisons, rues et places de Rome, la curie, l’intérieur des maisons), auxquels Tacite attribue non
seulement une valeur descriptive mais aussi une dimension symbolique que le lecteur est à
même de déchiffrer.