1. À la suite notamment des travaux de R. Amossy, E. Eggs, D.
Maingueneau, la notion d’éthos connaît un regain d’intérêt en analyse du discours. Elle
a toujours été présente dans la recherche rhétorique américaine (Burke). Ducrot l’a
définie comme l’identité langagière du locuteur en tant que tel; et on pourrait considérer
que le concept de schématisation de Grize généralise la question de la représentation
discursive des caractères.−2. Aristote traite du caractère dans plusieurs passages de la
Rhétorique: il est défini a) comme une stratégique de l'orateur, fonctionnant comme
preuve rhétorique; et b) comme un ensemble de traits psychologiques typiques de
différentes classes d'auditoires. Hermogène, qui fait de l'éthos une des sept Catégories
stylistiques du discours, a décrit par quelles techniques rhétoriques se construisent
ses trois composantes: naïveté, modération, sincérité; le caractère est un style et une
technique (éthopée).−3. Schématiquement, la rhétorique latine distingue dans le
caractère deux composantes: d'abord une dimension émotionnelle, qui lie l'éthos
au pathos en le définissant comme un affect doux (Quintilien) ou thymique; et en
second lieu, une dimension morale, élaborée par la réflexion sur l'homme de bien et
l'éthique du discours.−4. Les théories de l'argumentation qui postulent que seules
sont valides les arguments sur les choses mêmes, rejettent toute preuve par le caractère
fort, qui fonctionne comme un inhibiteur de la critique (fallacie ad verecundiam).
L'autorité est reclassée comme preuve périphérique, et réintégrée partiellement dans la problématique de l'expertise